Résumé :
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Il est un seuil parfois plus invisible qu une lisière, peut-être le seuil le plus intérieur de toute forêt : celui où disparaît une nature encore familière, et ou commence celle qui revêt la dimension de l Ailleurs. C est lors de ce franchissement que très spontanément, nous venons à dire « oui ! c est là ! ». Désormais notre voix devient plus basse, nos échanges plus laconiques jusqu à se dissimuler dans le silence de l écoute. Si nous entrons dans cette vieille forêt naturelle seulement avec un regard, il se peut qu à l inverse nous en ressortions avec une vision. Effectivement en ces terres perdues, nous pouvons dépasser la seule disposition à voir pour nous retrouver dans cette impression d entendre intérieurement ce que nous voyons ! Notre regard devient habité par tout ce qui vit. Il n y a pas que notre vue ; tous nos sens s intériorisent, se recueillent pareillement. La résonance du lieu incise nos perceptions. Dès lors, nous sommes troublés de découvrir qu un monde aussi étranger à nous-mêmes puisse autant vibrer dans l inconnu de notre intimité ! Une sensation plus vive d exister nous envahit graduellement et nous déborde. L impression de reprendre connaissance nous conquiert. C est comme si l éveil extirpait de nous un oubli qui outrepasse la seule mémoire de notre existence... Plus tard, nous viendra l envie de partager cette expérience comme pour cautériser l exil qu un tel accroissement de sensibilité a
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